Dernière mise à jour le 04 novembre 2024
La pression des ravageurs d’automne sur colza impose une combinaison de nouvelles pratiques. Quelles sont les pistes envisagées pour réduire le risque ? Que faut-il mettre en place ? Voici les questions qui ont été détaillées à l’occasion d’un rendez-vous DEPHY tour au champ mardi 29 novembre 2022 au Lycée de Somme-Vesle sur la problématique du moment : comment limiter l’impact des grosses altises du bourgeon terminal ?
La mise en place de leviers agronomiques réduit l’impact des ravageurs pour avoir des colzas robustes. Mais il existe aussi une seconde stratégie qui consiste à détourner les ravageurs des parcelles de colza pour les piéger dans les couverts d’inter culture longue. Autre piste à étudier : favoriser la prédation naturelle. Et en dernier recours, l’usage de la chimie qu’il faut préserver pour réduire le risque d’apparition de résistance.
La grosse altise est attirée par les nouveaux semis de colza et provoque des piqûres alimentaires. Elles se reproduisent ensuite pour pondre des œufs au sol. Après éclosion, les larves migrent dans les colzas des pétioles jusqu’au bourgeon terminal sortie hiver et provoque le port buissonnant du colza. Elles retombent au sol pour se nymphoser et donner une nouvelle génération de grosse altise à la fin du printemps.
Les micros hyménoptères, spécifiques des ravageurs du colza, émergent quant à elles à la sortie de l’hiver des parcelles de blé précédent colza. Ils ont la capacité incroyable de pondre dans la larve encore présente dans le colza pour les parasiter. Lorsque la larve de grosse altise parasitée tombe au sol, les larves des parasitoïdes se développent en détruisant la larve de la grosse altise. Ils réduisent ainsi la population de ravageurs l’année suivante.
Les micros hyménoptères restent à la surface du sol sous le colza et émergent seulement à la sortie de l’hiver dans le blé, pour se reproduire et pondre dans un autre colza. Aujourd’hui, les premières mesures sur le territoire R2D2 estime ce parasitisme entre 10 et 30 %. L’objectif est d’atteindre 60 % en adaptant les pratiques dans les parcelles (travail du sol, itinéraire technique, aménagement du territoire).
La grosse altise est aussi attirée par d’autres espèces que le colza. La navette et le radis chinois semés dans les couverts sont très attractifs.
A l’échelle d’une commune, des travaux ont débuté pour quantifier s’il est possible de réduire pressions grosses altises dans les colzas en les attirant dans les parcelles de couverts. Ce travail est réalisé depuis deux ans sur le territoire R2D2 dans l’Yonne, et un suivi est en cours cet automne avec des Ferme DEPHY Marne à Mourmelon-le-Grand, la Croix-en-Champagne et Somme-Vesle, coordonnées par la Chambre d’agriculture de la Marne. Sur ces parcelles, nous avons privilégié l’ajout de radis chinois pour sa plus grande facilité de destruction.
Après les avoir attirées dans les couverts, il faut s’assurer d’une bonne destruction pour perturber le développement des larves et ainsi réduire le risque d’émergence de grosses altises adultes au printemps suivant.
Un colza robuste consiste aussi à avoir un gros colza pour être moins impacté par la présence de larves de grosse altise. Cette stratégie nécessite de modifier fortement ses pratiques. Les semis sont plus précoces et un apport de matière organique avec assez d’azote disponible est pratiqué pour permettre une forte croissance automnale.
Des questions sur le positionnement de régulateur à l’automne pour contrôler le risque d’élongation se posent.
L’association de couverts associés limite l’attractivité de la parcelle et nécessite de d’adapter sa stratégie. Une seconde solution consiste à semer un colza piège pour réduire la pression sur le colza.
Plus d'informations :
Sylvain DUTHOIT - 06 07 36 41 23 - sylvain.duthoit(at)marne.chambagri.fr