Dernière mise à jour le 04 novembre 2024
La fin du printemps est souvent synonyme d’animations diverses pour les adhérents GEDA et ceux de Bazancourt ont souhaité se retrouver cette année autour de deux grandes thématiques : la betterave et les épandeurs à engrais solide.
Avec un début de campagne 2024 quelque peu chaotique les interrogations restent nombreuses, c’est pourquoi nous avons demandé l’intervention de Maxime ALLART de l’ITB pour nous apporter les éléments de réponses.
La rencontre a débuté autour d’une bineuse à moulinets, matériel qui interpelle un certain nombre d’agriculteurs quant à sa capacité de venir biner la betterave au plus près du rang. Équipée de doigts en caoutchouc, cet outil peut en effet venir biner sur le rang sans pour autant abimer la betterave sous réserve qu’elle soit au moins à 6 feuilles !
Météo oblige, la suite de la rencontre s’est effectuée sous hangar bien à l’abris de la pluie, qui disons-le, ne nous surprend plus pour cette campagne !
Reprenant par le commencement les semis de la campagne 2024 ont été réalisé autour du 14 avril. C’est l’année la plus tardive depuis 10 ans. Les impacts sur le rendement sont dépendant de la date d’implantation, mais aussi de la météo. En effet, en mars un jour de retard de semis entraine une perte de -0,5 tonne de betterave. Et en avril, les jours étant plus longs, un jour de retard de semis entraine une perte de -1 tonne. À vos calculettes…
Les semis ayant été réalisés, s’en est suivi de nombreux parasites du sol qui ont pu venir perturber les levées et la croissance des plantes. En tête de liste j’ai nommé : le tipule. Le traitement de semence à base de téfluthrine (8g) n’est pas suffisant dans les situations à risque important, dont fait partie 2024 avec sa pluviométrie abondante. De plus une destruction tardive des inter-culture (février) serait favorable à l’activité des tipules.
À défaut d’avoir du soleil, la météo profite au bon fonctionnement des désherbage et à la régulation des populations de pucerons.
Cette actualité betterave s’est conclue par un mot sur l’avenir de la culture et notamment sur l’aspect génétique qui devrait venir nous donner un bon coup de main sur un certain nombre de problématiques.
Sur le site de TerraLab (ex BA 112), ce sont cinq distributeurs d’engrais solide qui ont été présentés par leurs utilisateurs et commentés par Jean-Paul DAOUZE.
D’une ancienne génération à une version toutes options embarquées, il y en avait pour tous les goûts ! Parmi les distributeurs présentés, entre le modèle le plus récent acquis il y a à peine 2 ans (Kverneland Geospread), et le plus ancien, un Sulky acquis en 1993, il y a un monde ! Mais aussi des fondamentaux immuables.
Mais comme Jean-Paul Daouze l’a rappelé : à cette époque, Sulky (maintenant SKY) avait amené une réelle transition avec une belle avancée technique, l’introduction du DPA porté, et intégrant la gestion du point de chute du granulé ainsi que l’utilisation d’aubes de différentes longueurs, pour atteindre des largeurs d’épandage jusqu’à 36m…
A noter que c’est Amazone qui fut le premier à installer des aubes de longueurs différentes sur les disques d’épandage. C’est ce que nous illustre Eloi, avec son ZAM Max Tronic acheté en 1996. Cet appareil proposait déjà la somme des connaissances nécessaires pour tutoyer des largeurs effectives de travail de 40 m. La bordure est gérée à l’aide d’un disque spécial qu’il est nécessaire d’installer manuellement. En réalité, peu s’encombrent de cette manipulation dans les parcellaires champenois.
Hervé témoigne de l’usage de son Sulky présent depuis 31 ans sur sa ferme : il réalise tous ses apports solides (phosphore, magnésie, ammonitrate) avec ce distributeur qui est bien adapté aux petits tracteurs et ne nécessite pas de masses frontales, contrairement aux distributeurs plus récents et plus lourds. Hervé est habitué au réglage manuel de cet outil qu’il utilise sur une largeur de 28 m avec une précision qu’il admet être, de nos jours, approximative quant à la dose distribuée, et notamment en bordure. Bien entretenue, cette machine a encore belle allure.
Pour Alain, c’était un Bogballe qu’il a utilisé pendant 20 ans sur sa ferme, sans pesée intégrée ni tronçonnement de la largeur d’épandage. Le changement pour un distributeur plus récent (Kverneland Geospread) a donc été un petit choc (attendu) pour lui. Choc de confort ! Le réglage est facilité grâce à un kit fourni par le constructeur qui aide à identifier les caractéristiques du granulé. Plus besoin d’étalonner et de sortir le chrono grâce à la pesée. La gestion des bordures est également facilitée avec un déflecteur de bordure à droite (existe aussi à gauche) et un déflecteur central qui lui permet d’épandre depuis un chemin si nécessaire.
« Le déflecteur central permet de ne pas “sacrifier“ le rendement en respectant au mieux les zones fragiles : on épand sur toute la surface et sans déborder à l’extérieur de la parcelle, dans le fossé par exemple » précise Jean-Paul Daouze.
Sur le modèle Kverneland d’Alain ou Khun de Jean-Luc, le déflecteur de bordure latéral force mécaniquement le granulé à changer de sens, donc vigilance si l’engrais est friable. C’est une vigilance dont s’est affranchi Amazone, sur le modèle ZA-TS 4200 Ultra qu’a amené Antoine. En effet, le constructeur a opté pour la modification du point de chute avec l’entrainement hydraulique qui réduit aussi la vitesse du disque. Cela présente l’avantage de mieux préserver le granulé. Initialement, ce constructeur travaillait avec la modification manuelle de l’angle des aubes sur le disque, jusqu’à ce que l’ergonomie, la technologie, mais surtout la recherche de très grandes largeurs de projection exige une technique plus pointue et intégrée.
Malgré tout, qui dit entrainement hydraulique, dit puissance. Et si Antoine devait citer un seul petit point faible à son nouvel Amazone, ce serait celui-là : « L’outil tire pas mal sur l’hydraulique et nécessite beaucoup de CV ; il ne faut pas être trop nerveux avec la vario ! ». De ce point de vue, un load-sensing serait le bienvenu. A part ça, Antoine est très satisfait de son distributeur : réglage très simple avec une application sur le téléphone qui peut transmettre les informations directement à la machine via Bluetooth. Et si par hasard le granulé n’était pas référencé, Amazone analyse les granulés sur envoi d’un échantillon par colis, comme ses collègues concurrents. Déflecteur central, dispositif de bordure gauche et droite, capteur de trémie avec alerte instantanée si un côté se bouche. Antoine a également estimé la précision de son outil qui peut épandre jusqu’à 54 m : environ 20 kg d’erreur sur 5 tonnes !
Le confort et la précision sont donc les maîtres mots sur ces outils récents. Et ces avancées ont un prix : entre le Sulky de 1993 qu’Hervé avait acquis pour 36 000 FRANCS (moins de 6 000 €), on est passé aujourd’hui à des investissements avoisinant les 27 000 € pour le Kverneland à 36 000 € pour l’Amazone de dernière génération.
Malgré les avancées, il y a des éléments qui restent parfois contraignants : les nombreux accessoires présents compliquent le nettoyage, ce ne sont plus les chaines, pignons et tapis des vieux distributeurs, mais la difficulté est là quand même ! Alain a d’ailleurs choisi d’acquérir une interface 3 points à mettre sur « télesco » pour permettre une inclinaison de l’outil plus favorable au nettoyage. Toutefois, les progrès réalisés en fabrication éloignent beaucoup les risques de corrosion.
Jean-Paul Daouze rappelle quelques basiques au sujet de l’épandage. Certes, les nouvelles générations de distributeurs ont bien simplifié les manips de réglage, et permettent globalement tous de belles courbes d’épandage. Attention, cependant, de nombreux facteurs peuvent modifier le réglage initial. C’est le cas notamment de l’hygrométrie : entre un épandage dans le brouillard ou en conditions sèches, le granulé ira beaucoup plus loin dans le dernier cas ! La nature du granulé rentre en considération aussi : sa densité : l’urée, très légère, ira moins loin que de l’ammonitrate, et sera sensible aux conditions venteuses. Le chlorure brut non concassé, plus rugueux, sera également réparti de façon mois homogène qu’un granulé d’ammonitrate. La charge sur le disque modifie la portée de la masse distribuée, aussi le point de chute est ajusté en conséquence.
Aujourd’hui, les nouveaux distributeurs permettent des largeurs de travail de 54 m. Noter tout de même que plus on envoie loin, plus le granulé peut être chahuté. Des adaptations sont à faire en fonction de la nature du granulé, normalement intégrées lors de la conception des machines modernes. Malgré les avancées technologiques, il faut quand même accepter des approximations liées aux conditions. Toutefois, les écarts de doses admissibles par les végétaux sont de l’ordre de 10 à 15 % de la moyenne épandue, ce qui laisse la part belle aux épandages centrifuges. Les appareils à rampe, oubliés depuis une trentaine d’années ne parviennent pas à se placer sur un marché dominé par des matériels centrifuges très évolués. Sans parler des capacités de modulation, longitudinales et transversales, de tous ordres.
Aliénor Deleplanque, Marion Guillot et Jean-Paul Daouze