Dernière mise à jour le 19 novembre 2024
Sans attendre la promulgation de la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables du 10 mars 2023, les projets d’agrivoltaïsme se multiplient dans notre département depuis 2020. A ce jour, au moins une quarantaine de projets sont à l’étude mais aucun n’a été autorisé à la construction.
La loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables du 10 mars 2023 apporte un cadre législatif et réglementaire à cette nouvelle pratique agricole. Ce cadre doit encore être précisé par la parution de plusieurs décrets. En attendant, l’agrivoltaïsme dispose maintenant d’une véritable définition qui valide la position adoptée dès début 2021 par la Chambre d’agriculture de la Marne.
Dans tous les cas, la production d’électricité située sur une parcelle agricole doit contribuer durablement à l’installation, au maintien ou au développement d’une production agricole. Cet aménagement devra apporter l’un des services suivants pour garantir une production agricole significative et un revenu durable :
Aussi, l’installation photovoltaïque doit permettre à la production agricole d’être l’activité principale de la parcelle agricole et doit être réversible.
Depuis 2021, la Chambre d’agriculture de la Marne informe les aménageurs de ses attentes et demandes relatives aux projets photovoltaïques impactant la Surface Agricole Utile, plus particulièrement les projets agrivoltaïques :
A ce jour, plusieurs projets agrivoltaïques sont en cours d’instruction par les services de l’Etat mais aucun n’a encore été autorisé par le Préfet de la Marne à la construction dans le département. Prochainement, des enquêtes publiques seront lancées pour informer la population et recueillir ses observations.
Dans ce contexte, la Chambre d’agriculture reste particulièrement attentive à l’émergence de cette nouvelle pratique agricole et ne souhaite pas la réalisation de projets qui nuiraient à la productivité de la Ferme Marne. C’est pourquoi, elle reçoit les porteurs de projet, leur formule ses observations sur leur projet et les informe de ses attentes et demandes (indiquées ci-dessus).
Aussi, pour répondre à la sollicitation du Président de la Communauté de Communes des Paysages de la Champagne et de sa Vice-présidente en charge de de l’urbanisme, le Président, le Vice-président et le Secrétaire de la Chambre d’agriculture se sont rencontrés, le 16 mars 2023, pour échanger sur les projets agrivoltaïques à l’étude sur le territoire de cette intercommunalité. A cette occasion, le développement de l’ensemble des énergies renouvelables a été abordé en particulier ceux portés par des exploitations agricoles : centrales photovoltaïques sur toiture et unités de méthanisation.
Pour améliorer les connaissances de la Chambre d’agriculture, deux élus de la Chambre d’agriculture ont participé à un voyage d’études de trois jours en Allemagne et aux Pays-Bas organisé par la société BayWa r.e. pour appréhender les avancées expérimentales de l’agrivoltaïsme. Ils ont visité quatre sites consacrés à l’arboriculture (poires et pommes) et à la production de petits fruits (framboises et myrtilles).
Premier constat, les techniques ne sont pas encore tout à fait abouties. Les quatre sites visités sont des plateformes d'expérimentation qui testent différents procédés depuis les années 2020-2021. Le recul n'est pas encore suffisant même si quelques tendances se dégagent.
Sur la majorité des sites, les ombrières photovoltaïques font économiser jusqu'à 20 à 25 % d'eau d’irrigation. Aussi, sous les panneaux photovoltaïques, il fait plus frais au moment des fortes chaleurs et plus chaud en période de grands froids. Les conditions de cueillette sont améliorées par l’ombrage apporté par les panneaux alors que les fruits sont protégés des aléas météorologiques : grêle, gel printanier,… Une amélioration des connaissances est attendue concernant le développement des maladies et des insectes.
La principale difficulté est de trouver le bon équilibre entre la densité de panneaux photovoltaïques et les besoins lumineux des cultures : l’objectif est bien de maintenir une productivité maximale des plantes tout en captant un maximum de lumière pour produire de l’électricité. Par exemple, pour la framboise, il ne faudrait pas dépasser 40 à 45 % de lumière captée par les cellules photovoltaïques.
En conclusion, un voyage très instructif où l'on voit une filière agrivoltaïque en pleine recherche de solutions équilibrées pour que tout le monde y trouve son compte. Par ailleurs, cette visite a été réalisée sur un territoire avec un ensoleillement bien inférieur au sud de la France mais aussi, de celui de la Marne. Pour nos deux élus, il serait intéressant de créer un réseau, au minimum départemental pour partager les différentes expériences en cours ou à venir.
Raphaël BAUDRILLIER - Tél.03 26 64 95 16 - raphael.baudrillier(at)marne.chambagri.fr