Dernière mise à jour le 04 novembre 2024
Il existe plusieurs manières sur le terrain de raisonner sa fertilisation PK. Les travaux des adhérents des GEDA de la Marne ont mis en évidence une multitude de pratiques de fertilisation. Un atelier mené lors de l'Inter-GEDA de janvier 2024 a permis de mesurer l’impact de ces pratiques sur les sols.
Les agriculteurs des groupes GEDA ont participer à un atelier animé par le groupe Coole et Soude concernant les pratiques de fertilisation PKMg. Après un échange très riche sur les procédés des uns et des autres, des comparaisons de systèmes ont mis en évidence l’impact de ces méthodes sur la richesse des sols, chimique ou vivante, carbone et matière organique.
A partir d’analyses de sols, certains agriculteurs des GEDA se penchent sur ce sujet avec grande attention, à l’image de Sébastien « je réalise des analyses de sols régulièrement et je travaille avec PK express, un tableur conçu à partir des normes du COMIFER (Comité Français d’Etude et de Développement de la Fertilisation Raisonnée) ». Cette méthode permet de mesurer les entrées et sorties d’éléments fertilisants et d’ajuster au mieux aux besoins des plantes.
« J’achète des camions d’engrais et je les répartis sur mes têtes de rotation ». A l’inverse Gérard a toujours pratiqué de façon simplifiée et n’a jamais observé de carences ou de baisse de fertilité dans ses parcelles.
« Je n’apporte que les besoins de mes têtes de rotation, et je réalise une impasse sur les céréales ». Cette méthode pratiquée par beaucoup de participants ne semble pas non plus déplaire par son côté simple et surtout économique. Certains comme Thomas adaptent leurs impasses « surtout selon le marché des engrais … » et à « l’opportunité » souligne Arnaud !
Au regard des analyses réalisées chez les agriculteurs du groupe de travail du GEDA de Coole et Soude et de Vallée de Vesle, la relation entre le nombre d’années d’impasses en phosphore et la teneur en éléments fertilisants du sol (ici Phosphore) n’est pas établie.
Le même groupe ayant réalisé des analyses de sol mesurant la biomasse microbienne (indicateur de vie du sol), a cherché à voir si des liens se dessinaient entre cet indicateur et ces pratiques.
Il a constaté un lien entre les pratiques de gestion des pailles et la vie microbienne du sol. Les exploitations 7, 8 et 9 exportent toutes 100 % des pailles. Mais c'est sur l'exploitation 7 qu'il semble y avoir un impact négatif de cette pratique sur la vie du sol par rapport aux autres exploitations : contrairement aux 8 et 9, la n°7 ne compense pas les exportations de pailles par des apports organiques. Moins de "nourriture fraîche" pour les micro-organismes du sol pourrait donc engendrer moins de micro-organismes…
Trois modèles ont été testés, à partir de rotations différentes, d’apports de fertilisants variés et de gestion de pailles différentes. Les apports d’azote n’ont pas été renseignés, cette étude est donc restée principalement axée sur le PKMg.
Des simulations ont été réalisées à partir de l’outil « SIMEOS-AMG » : Un outil de simulation de l’évolution des teneurs et stocks en C organique du sol fondé sur le modèle AMG (bilan humique de l’INRA).
Il semblerait que la gestion des pailles et la couverture des sols aient un impact sur la teneur en Carbone organique de la couche travaillée ! Le modèle 3 exporte peu les pailles et apporte des matières organiques. Sa rotation permet d’implanter des couverts multi-espèces 2 ans sur 6. Ce modèle conserve un taux stable en 30 ans, à l’inverse du modèle 2 puis du modèle 1, qui perdent respectivement 0.6 et 2 g/kg de carbone en 30 ans !
Les adhérents ont également réalisé une comparaison financière entre le coût d’une fertilisation PK organique + minérale et une fertilisation PK 100 % minérale. Cette comparaison a été menée à l’échelle d’une rotation de 8 ans contenant une betterave, un colza, trois pailles et une luzerne de 3 ans.
Les prix des engrais comme des produits organiques ne cessent d’évoluer et l’avantage économique en faveur des stratégies comprenant de l’organique auparavant n’est plus si marqué dans le contexte de prix actuel.
Les pratiques de chaque exploitant en termes de fertilisation PK restent bien diversifiées, et leurs impacts sur la richesse des sols reste variable selon l’élément comparé : chimique, organique, vivant. Bien sûr ces valeurs, chiffrées à partir de cas concrets chez les uns et les autres en craie méritent d’être affinés. Les méthodes de mesures en laboratoire continuent d’évoluer, et le groupe a décidé de poursuivre ses recherches. En terres colorées, ils ont fait des émules. Cette réflexion n’en est qu’à ses prémices !
Marion Guillot - Muriel Bonnefoi
Les adhérents de GEDA se réunissent chaque semaine à l’occasion de tours de plaine qui permettent d’échanger entre agriculteurs et conseillers sur les problématiques du moment.
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