Dernière mise à jour le 04 novembre 2024
Agriculteur à Bagneux (51) et membre du groupe 30 000 Terre de vers, Mathias Benoist utilise les préparations naturelles dans son processus de conversion en agriculture biologique.
Accompagné par la Chambre d’agriculture de la Marne, Mathias Besnoit conduit la conversion de son système d'exploitation vers l’agriculture biologique pour ne plus recourir à des produits chimiques dans le cadre de la protection des cultures… il souhaite retirer tout ce qui va à l’encontre du vivant.
Depuis deux ans, il a initié le non labour qu’il souhaite maintenir dans son nouveau système. Il cherche également à maximiser une couverture végétale vivante et la restitution de biomasse au sol (couverts végétaux et résidus de cultures) pour favoriser une structure stable et des conditions d’oxydo-réductions équilibrées.
En parallèle, il introduit progressivement les applications naturelles pour renforcer les défenses immunitaires des plantes et pour les rendre plus performantes dans la compétition des ressources.
Parmi les applications naturelles, on retrouve différents produits qui ont chacun leur fonction :
A la suite de la formation qu’a suivie le groupe Terre de vers en 2020 auprès de Jean-Charles Devilliers, Mathias a mis en place un système pour produire son propre thé de compost. Il s’agit d’un liquide extrait et fermenté à partir de compost en présence d’oxygène, dans lequel sont inoculés des microorganismes nourris à partir d’éléments nutritifs solubles. L’objectif de ce produit est de nourrir et protéger la plante par la revitalisation des sols.
Mathias a fabriqué et appliqué son premier thé de compost sur son blé à deux feuilles pour booster sa croissance au démarrage… Affaire à suivre !
Cette année, Mathias a aussi vécu sa première expérience dans le monde des enrobages de semences biostimulés sur couverts et colza.
Le principe est simple : la plante a besoin d’avoir accès à la lumière pour faire la photosynthèse, et produire des sucres réducteurs, à partir desquels, avec de l’azote, ils forment des acides aminés qui interviennent dans les métabolismes (constitution de protéines, synthèse des vitamines, etc.) de germination et de croissance du système racinaire.
Par l’enrobage, notamment d’acides aminés, la plante cultivée n’a plus besoin d’avoir accès à la lumière, elle a tout de suite accès aux éléments des enrobages, lui permettant une bien meilleure dynamique de croissance que les adventices. De plus, les microorganismes ajoutés sont directement fonctionnels au semis, impliquant un meilleur contrôle de la symbiose initiale.
Par exemple, Trichoderma, champignon neutre très compétitif, se développe dans le système racinaire de la plante et y occupe l’espace durant toute la campagne tel un bouclier pour faire barrage aux champignons pathogènes. Malheureusement, l’effet des enrobages n’a pas pu être évalué chez Mathias, car couverts et colza n’ont pas poussé à cause de la sècheresse 2020.
Chez Christophe Néret, des bandes de colza avec et sans enrobage ont été suivies cet automne.
Premier bilan : l’enrobage permet d’augmenter la surface d’exploration des racines en début de cycle, mais au détriment de la biomasse végétale. En effet, jusqu’à cinq feuilles, le chevelu racinaire est plus développé avec de nombreuses racines secondaires, créant de la macroporosité dans les mottes… ce qui permettrait une meilleure réponse de la plante au stress biotique et abiotique du milieu. Mais cela s’accompagne d’une plus faible biomasse végétale (900 g de différence) : la plante développe en priorité ces racines, qui nourrissent en partie les microorganismes ajoutés avec leurs exsudats racinaires et le reste, avec les acides entrant dans la composition de l’enrobage. Encore une affaire à suivre … !
Mathias est aussi un élève d’Éric Petiot, co-auteur des livres « Purin d’ortie et compagnie » ou « Soigner les plantes par les plantes »… qui a élaboré une méthode pour soigner les plantes de façon biologique, à partir du potentiel Redox.
L’idée ici n’est pas de contrôler les bioagresseurs mais plutôt de maintenir la plante dans un état d’équilibre (acide et réduit), qui leur est défavorable.
Par exemple, la maladie est une conséquence d’un état oxydé de la plante. L’objectif est donc de reconstruire des sols équilibrés, c’est-à-dire des sols réduits chargés en électrons donc en énergie. Pour aider la plante à se maintenir dans des conditions d’équilibre défavorables, des produits anti-oxydants peuvent être appliqués en pulvérisations foliaires préventives : on retrouve les extraits fermentés de plantes ou la vitamine C.
Mathias souhaite généraliser cette méthode sur l’ensemble de son exploitation pour piloter l’application de ces extraits fermentés dans la conduite des cultures… quant aux infusions, elles sont toujours utilisées lorsque le ravageur est présent !
Pour réviser ces bases et approfondir ce vaste sujet que sont les préparations naturelles à base de plantes, Mathias a participé à la formation des 2 et 3 décembre 2020, aux côtés de Didier Appert, et d’un groupe d’agriculteurs motivés !
Mathias constitue sa boîte à outils agroécologiques pour reconstruire son système agricole, de manière à être en connexion plus fine avec le vivant !