Dernière mise à jour le 19 novembre 2024
Diversifier son assolement dans le cadre de la rotation des cultures BCAE 7, alternative au maïs, adaptation au changement climatique... La culture du sorgho grain a de nombreux atouts ! Marché et débouchés, itinéraire cultural du sorgho grain et témoignage de producteur ont été discutés lors d'un échange Diversification organisé par la Chambre d'agriculture de la Marne
Le 24 septembre 2024, cette réunion Diversification a été conduite successivement par Frederic Guedj, manager développement du marché Sorgho pour LIDEA puis par Jean-Baptiste Dugenet, Responsable de la commercialisation chez l’Union scara Novagrain (USN).
Plusieurs agriculteurs producteurs de maïs se posent la question de diversifier leur assolement à la suite de la mise en place de la BCAE 7 de la PAC 2023-2027. Pour rappel, celle-ci concerne la rotation des cultures et impose à partir de 2025, l’implantation de deux cultures principales différentes sur une même parcelle sur les 4 dernières campagnes (dont celles en cours) ou la mise en place systématique d’un couvert hivernal dans le cas d’une monoculture.
Concrètement, dans les parcelles qui seront en maïs de 2022 à 2025, un couvert devra être semé dès l’automne 2023, sinon la culture de 2025 ne pourra pas être un maïs. (Pour rappel, un couvert hivernal est une culture qui doit être en place entre le 15 novembre et le 15 février et à déclarer à la PAC en culture secondaire.)
Une culture alternative pour la diversification de votre assolement
Le sorgho grain s’avère être une bonne alternative au maïs : en plus de diversifier l’assolement, il permet de s’affranchir de cette contrainte réglementaire pas toujours pertinente au niveau agronomique. Il possède en plus des mécanismes qui lui permettent même de mieux résister que le maïs aux fortes chaleurs et au manque d’eau. C’est pourquoi et à la suite de la demande de plusieurs agriculteurs désireux de connaître les possibilités de diversification de leur assolement par la culture du sogho grain, la Chambre d’agriculture de la Marne a choisi d’organiser un temps d’échanges pour les agriculteurs sur la culture du sorgho grain.
Une dizaine d’agriculteurs ont assisté à une présentation de Frédéric Guedj, de la société LIDEA sur le marché du Sorgho grain dans le monde et dans l’Europe, sur l’origine du sorgho et sa physiologie, sur les débouchés du sorgho et la conduite de cette culture.
En résumé, voici les avantages de la culture de Sorgho grain :
Témoignage d’un agriculteur ayant intégré le sorgho grain dans son assolement
Flavien Maudier, agriculteur producteur de sorho grain à Potangis a témoigné et a fait part de son expérience. C’est la 4ème année qu’il cultive du sorgho au sein de son exploitation. Il a intégré le sorgho dans son assolement pour remplacer une partie de sa surface en colza, suite aux implantations et à la gestion des insectes devenues délicates mais aussi aux rendements aléatoires de ces dernières années. Il l’a implanté dans des terres « colorées », les terres « blanches » ne semblent pas du tout adaptées pour le sorgho grain, tout comme le maïs !
La mise en place de cette nouvelle culture a permis de diversifier son assolement sans nécessiter de nouveaux investissements sur son exploitation : le semis est réalisé avec son semoir à betteraves (en modifiant la taille de disques) et la récolte avec sa moissonneuse batteuse équipée de sa coupe à céréales. Les récoltes ont été réalisées entre le 10 et le 21 octobre sans problème et à maturité du grain, avec des rendements très satisfaisants variant de 82 à 98q/ha selon les années.
Les échanges se sont poursuivis et ont été nombreux sur la conduite de la culture, notamment le choix de la variété très précoce, la fertilisation et le désherbage, avec des atouts et des points de vigilance toujours très appréciées par les agriculteurs.
Le sorgho grain c’est possible dans la Marne
Le sorgho grain est donc une culture qui a sa place pour diversifier les assolements des exploitations marnaises. Vigilance néanmoins car il ne semble pas adapté aux types de sols crayeux. C’est une bonne alternative au maïs avec peu d’intrants, il ne nécessite pas d’investissements supplémentaires au sein de l’exploitation et il permet de répondre à une exigence réglementaire de la PAC en cas de monoculture de maïs par exemple ! La culture de sorgho grain vous tente pour la campagne 2025 ? N’hésitez pas à nous contacter pour vous accompagner !
Ne manquez pas les nouveaux rendez-vous thématiques prévus pour 2025 pour toujours mettre en lumière des filières nouvelles, atypiques ou encore peu exploitées.
Le Sorgho Grain est la 5ème céréale au monde après le blé, la mais, le riz et l’orge. Elle ne représente pas moins de 42 Millions d’hectares ! La surface cultivée en Europe est de 350 000 hectares soit une hausse de 40 % par rapport à 2023. Il y a 103 000 Ha cultivés en sorgho grain en France en 2024 (hausse de 89 % par rapport à 2023). La France devient ainsi le premier producteur Européen en Sorgho grain ! Sorgho grain et Sorgho fourrager s’étendent sur 650 000 hectares en Europe.
En France, 10 départements représentent 60 % des surfaces, essentiellement situés dans le sud-ouest, centre-ouest et bassin Rhône alpes.
Le sogho est originaire d’Afrique et a été domestiqué, il y a 8000 ans en Ethiopie et Soudan. Introduit en Europe en 1350, le premier hybride est inscrit en France en 1969 pour le grain et en 1975 pour le fourrager. Le sorgho a des atouts intéressants face au réchauffement climatique grâce à une bonne tolérance à la sécheresse : son système racinaire ramifié très profond peut atteindre jusqu'à 2 mètres et lui permet de mieux mobiliser l'eau disponible. Ses besoins en eau sont 50% inférieur à celui du maïs et a une tolérance à la chaleur plus élevée : il continue sa croissance à 33-34°C (+3-4°C par rapport au maïs). Sa faible surface foliaire et sa cuticule cireuse limitent aussi le phénomène d'évapotranspiration.
Le sorgho grain présente aussi l’avantage de ne pas être très exigeant en intrants, du fait de sa bonne capacité racinaire à extraire l’eau et les éléments nutritifs. Le sorgho est également peu affecté par les maladies et les ravageurs. L’essentiel des charges de production provient du désherbage.
Les graines du sorgho se trouve au niveau de la panicule au sommet de la tige. Les grains sont roux ou blancs et possèdent un faible teneur en tanin.
La teneur en protéine est 2.9 % supérieur à celle du Maïs. Cela confère un intérêt pour la formulation des tourteaux.
Contrairement aux idées reçues, M Guedj a précisé que le grain roux et le grain blanc ont les mêmes valeurs. Cependant en France, c’est le grain roux qui est principalement cultivé.
Le choix d’une variété « très précoce » est primordial dans notre secteur pour que la plante fasse son cycle. L’implantation doit se faire dans un sol suffisamment réchauffé (température du sol>12°C) pour que les plantes aient une bonne vigueur au départ. Les semis se réalisent généralement entre le 1er mai et le 20 mai, avec idéalement un semoir monograine.
Les besoins en azote sont de l’ordre de 50 à 100 U/ha. Les stratégies de désherbage sont de la prélevée et/ou post-précoces, et il n’y a pas d’intervention contre les ravageurs ni les maladies.
Le sorgho est à maturité à partir de 35 % d’humidité du grain. La récolte peut commencer à partir de 25 % d’humidité mais en général elle se réalise autour de la norme de 15-16 % d’humidité.
Seulement les panicules sont récoltées, dans la mesure du possible, pour éviter d’augmenter l’humidité du grain car les feuilles sont vertes. La récolte se réalise en octobre avec une moissonneuse batteuse classique sans équipement spécifique.
Emilie BURLAT - Lucile LEHERLE - Chambre d'agriculture de la Marne
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